mercredi 13 février 2013

Sergio Leone


Fils d'un metteur en scène, Vincenzo Leone (alias Roberto Roberti), réduit au chômage par son opposition au fascisme et d'une actrice, Sergio Leone était destiné naturellement à faire du cinéma. Malgré les années difficiles que connaît l'Italie au cours de son enfance, il deviendra, en 1946, le plus jeune assistant-réalisateur de son pays, collaborant notamment avec Carmine Gallone,Vittorio De Sica et Luigi Comencini (La Traite des blanches - 1953). Il joue même un petit rôle (celui d'un jeune séminariste) dans Le Voleur de bicyclette (1948) de De Sica. Avec l'arrivée des américains à Cinecittà, il seconde alors les Mervyn LeRoy (Quo Vadis ? - 1951), Robert Wise (Hélène de Troie - 1956), Fred Zinnemann (Au risque de se perdre - 1959) et William Wyler (Ben-Hur - 1959). Il restera marqué par cette double formation et elle transparaîtra, plus tard, dans ses films.
Au cours de ces années, il travaille plusieurs fois avec Mario Bonnard. Pendant le tournage de Les Derniers jours de Pompéi (1959), celui-ci tombe malade et Leone doit le remplacer.
Commence alors pour Sergio Leone la première époque de sa carrière : celle de metteur en scène de peplums. Il apparaît au générique comme co-réalisateur et se voit confier la réalisation de Le Colosse de Rhodes avec Lea Massari l'année suivante. Mais ne souhaitant pas s'enfermer dans un genre, il refuse plusieurs projets et doit, pour des raisons probablement financières, accepter, en 1962, de diriger la seconde équipe de Sodome et Gomorrhe de Robert Aldrich avec Stewart Granger et Anouk Aimée.
Pour l'anecdote, il tourne, la même année, certaines scènes d'En avant la musique avec Fernandel.
C'est en 1964 que débute sa deuxième période. Il réalise, sous le nom de Bob Robertson, une production germano-hispano-italienne, western tourné en Espagne, avec des moyens modestes et des acteurs quasiment inconnus, dont Clint Eastwood : Pour une poignée de dollars. Sergio Leone vient de créer ce que l'on nommera dorénavant le western spaghetti. Violence du scénario et musique efficace caractérisent ce nouveau genre. C'est un succès public et commercial à travers le monde. Deux autres films vont compléter la trilogie : Et pour quelques dollars de plus en 1964 avec Lee Van Cleef puis Le Bon, la brute et le truand en 1966 avec Eli Wallach, toujours avec une réussite identique. Le style de Sergio Leone s'affirme, sa maîtrise technique également. On n'imagine plus voir un de ses films sans poussière, visages mal rasés en gros plans, duels au ralenti et musique d'Ennio Morricone.
Le film suivant inaugure une troisième étape. Fort de ses succès précédents, Sergio Leone souhaite réaliser un film encore plus personnel, doté de moyens supérieurs avec des acteurs réputés. Ce sera en 1968, sur une scénario co-signé Dario Argento et Bernardo Bertolucci, avec Henry Fonda,Claudia Cardinale et Charles Bronson,Il était une fois dans l'Ouest, dont le titre ambitieux est tout un programme. Il vient de marier, avec un talent plus que perceptible, Hollywood et le néoréalisme italien. Ses personnages semblent, en effet, infiniment plus véridiques, moins idéalisés que la plupart des productions américaines de l'époque.
En 1971, les producteurs italiens, souhaitant exploiter le filon, pressent Sergio Leone à récidiver et traduisent le titre de son nouveau film, "Giù la testa" (i.e : baisse la tête, crétin) : d'un Il était une fois... la révolution qui fait écho au précédent. Les acteurs principaux sont James Coburn et Rod Steiger. Le metteur en scène doit composer avec un scénario qu'il n'a pas choisi (il a déjà été proposé à Sam Peckinpah et à Peter Bogdanovich). Malgré cela, et grâce aux qualités du réalisateur, c'est un nouveau succès.
Parenthèse des années 1970, il produit et cosigne les faibles Mon Nom est personne en 1973 avec Terence Hill et Henry Fonda et Un Génie, deux associés, une cloche en 1975 toujours avec Terence Hill, Miou-Miou, Robert Charlebois, Patrick McGoohan et Klaus Kinski.
Enfin, après plus de dix ans d'absence, en 1984, il réalise sa dernière œuvre, certainement la plus aboutie, dans un genre qu'il n'avait jamais abordé, le thriller : Il était une fois en Amérique (dont le titre n'est pas, ici, un galvaudage), avec Robert De Niro,James Woods et Elizabeth McGovern. Tiré du roman "The Hoods" de Harry Grey, ce film, au style narratif reposant sur un montage virtuose des flash-back, est une pure merveille, magnifiée par la photographie de Tonino Delli Colli.
Il disparaît en 1989 avant de pouvoir donner vie à un projet sur le siège de Leningrad, avec Robert de Niro et dont le tournage était prévu dans ce qui était encore l'U.R.S.S.

Certains considèrent Sergio Leone comme un artiste mineur et tiennent pour sacrilège sa vision du western. Ils pensent même qu'il est à l'origine d'une forme de dégénérescence du cinéma. Je pense, au contraire, qu'il a redynamisé un genre qui tournait en rond et qu'il est le "père spirituel" ou a exercé une influence substantielle sur de nombreux cinéastes.
AlHolg